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Qu’est-ce que la légèreté en équitation?

La définition de l’école française est à l’inverse de la légèreté, à croire que même pour elle, c’est un concept confus. Je vous laisse juge : La Légèreté en équitation, est ce «qui s’applique à la fois au dressage du cheval et au talent du cavalier est… la mise en jeu par celui-ci et l’emploi que fait le cheval des seules forces utiles au mouvement envisagé, toute autre manifestation des forces produisant une résistance et partant une altération de la légèreté.» En ajoutant qu’elle nécessite une impulsion énergique, constante mais régularisée, l’équilibre de l’ensemble et bla bla bla…  Bref, si vous avez compris, appliquez tout de suite à l’agrégation de philosophie;)

Pour les grands auteurs, ce n’est pas toujours plus clair!

Selon Jean d’Orgeix, cavalier français à la carrière fulgurante, c’est un principe absolu qui doit guider toutes nos actions, même auprès et surtout auprès d’un cheval tout juste débourré. Elle doit être enseignée au cheval, c’est un partenariat qui se dessine entre le cavalier et son cheval.

Nuno Oliveira par lui aussi de légèreté à la manière d’une liste d’épicerie… Abaissement des hanches, finesses des aides, impulsion, rectitude, etc… Lui qui parle de tact et d’amour avec tant d’éloquence!

Pour Philippe Karl, la légèreté est devenue une doctrine, voir une marque de commerce. Il vend des formations de légèreté, des dvd de légèreté, forme des entraîneurs de légèreté, approuve des écoles de légèreté. J’imagine que tout celui pourra lui assurer une retraite aussi légère que dorée!  

Walter Zettl dans son ouvrage Dressage in Harmony, traite ‘’d’Harmony’’ dans tes termes qui font clairement référence au concept français de légèreté, tout juste avant d’intituler un paragraphe ‘’calm, forward and straight’’ sans ne jamais évoquer A. L’Hotte.

Stéphane Bigo, dans son ouvrage, L’équitation de légèreté par l’éthologie, est celui qui à mon sens, expose le mieux le principe de légèreté, dans un chapitre point par point, où il parle de culture du non-conflit, de légèreté pratique et résume très clairement les fondements classiques de cette légèreté.

Vrai ou fausse légèreté?

Qu’est-ce qui est plus léger, un kilo de plume ou de plomb? Qui est le plus léger? Le cavalier de reining qui a contact au poids du cuir avec son cheval portant une embouchure à passage de langue et un chanfrein vertical? Celui de dressage ayant un contact adéquat sur  un mors à olives à double brisure et un chanfrein largement derrière la verticale? Le cavalier éthologique dirigeant son cheval avec une cordelette dans une attitude naturelle dans une allure sans impulsion? Et nous pourrions continuer ainsi longtemps

La légèreté, un sentiment plutôt qu’une technique.

Pour plusieurs cavaliers, la quête de légèreté est une source de stress, de culpabilité, de soucis, de casse-tête… Plus on la cherche, moins on la trouve! La légèreté est pour moi, et de loin, le sujet le plus difficile à enseigner. On ne peut l’exiger immédiatement, mais sa recherche doit être constante. Ce bonheur, timide créature qui observe de loin et qui ose s’approcher au moment où l’on s’y attend le moins. Cette légèreté que l’on rencontre au détour d’un raccourcissement de foulée au trot, mine de rien, quelques foulées se rassemble, un état de grâce, un bonheur partagé rênes flottantes.

realation cheval cavalier

Le plaisir d’être ensemble.

La légèreté du cheval et de son cavalier est cette impression que nous avons en regardant un couple chez qui la cohabitation et la coopération semble facile et agréable pour les deux partenaires. Facile pour le cheval, c’est lorsque seulement lui sont demandés des mouvements ou comportements qu’il est capable de réaliser et agréable, lorsque les aides semblent respecter sa sensibilité.  Facile pour le cavalier, qui respecte ses capacités, ses aptitudes, ses peurs. Ainsi, s’ensuit le plaisir d’être ensemble. C’est pour le cavalier, d’apprécier chaque moment, parce qu’après tout, lorsque nous travaillons avec du vivant, il n’y a que le chemin qui compte, la destination restant incertaine. C’est pour le cheval, de trouver des moments de répits, une motivation à travailler pour son cavalier, dans une équitation qui frôle le jeu.

Tout ceci semble assez simple quand il s’agit de marcher un cheval calme ou de trotter enlevé sur un cercle de 20 m dans un trot de travail sur un cheval bien mis. Le vrai défi est d’entretenir cette légèreté lorsque s’invite la complexité. Que ce  soit pour le cavalier qui aspire à évoluer dans son sport ou dans son art, ou parce que les conditions ne sont pas toujours optimales, la légèreté devient un véritable défi, et passera peut-être au second plan derrière la santé ou la sécurité. La légèreté dans l’équitation, tout comme le bonheur dans la vie, sera parfois au rendez-vous, d’autres fois non. Il faut l’accueillir quand elle se présente et la cultiver dans son attente.  

Mais comment la cultive-t-on?

En se posant des questions! Le cavalier développe sa technique pour faire survivre la légèreté dans une complexité toujours grandissante. Cultiver la légèreté c’est de savoir revenir à la simplicité, si elle l’exige, user d’ingéniosité quand les conditions optimales ne sont pas au rendez-vous. Et finalement, il importe d’ évaluer sa réussite par la qualité du chemin parcouru et ses accomplissements en fonction de nos objectifs personnels. Rien à voir avec les rubans et les pointages qui ne sont qu’un regard subjectif de 4mn loin de la réalité du couple cheval-cavalier.

«Connais-toi toi-même et tu connaîtras l’univers et les Dieux» (Socrate, oui oui, rien de moins!) Bien se connaître, c’est être à même de donner à l’équitation la place qu’elle mérite dans notre vie, adapter nos exigences à cet engagement, apprécier les moments avec son cheval dans la mesure de cet engagement, et développer des accomplissements qui nous ressemble pour être meilleur qu’hier dans ce qui est important pour nous, auprès de notre cheval. Certains rêveront d’apprendre à leur cheval à se coucher, d’autre à piaffer, encore d’autres à faire des balades en toute confiance sur un cheval courageux et fiables!

La frustration, meilleure ennemie de la légèreté!

À vouloir conquérir des objectifs qui ne sont pas les nôtres, on s’éparpille, et on n’accomplit rien… On ne réussit même plus à avoir un moment de quiétude avec son cheval. Tapisser les réseaux sociaux ne nous comblera en rien. Le faire pour conquérir un nouveau marché ou Il y aura toujours quelqu’un qui fera mieux que nous ce que nous tentons d’accomplir sans passion.

Vouloir que notre Quater horse piaffe comme un lusitanien, que notre cheval se couche avant même qu’il ne se calme, tenter de s’améliorer en ne fréquentant les écuries qu’au plus une fois par semaine, acheter un cheval incapable de répondre à nos besoins parce qu’il a une belle couleur, et en route vers cette belle boucle de négativité qui nous éloignera très certainement de ce cœur léger en équitation. Pensez à vous placer en position de réussite. Quel beau début pour un livre de croissance personnel…

La légèreté, le gage d’une équitation éthique, mais…

Sans tomber dans les phrases creuses, la légèreté est essentielle au développement de l’équilibre du cheval. La légèreté n’est pas le seul critère pour vérifier le caractère éthique d’une équitation, mais elle est sans doute le plus spectaculaire. Méfiez-vous d’apparente légèreté qui cache en fait une prison mentale. Des rênes flottantes ou un cheval sans bride peut sembler confortable et sans contraintes, mais quand est-il réellement?

Un cheval en liberté, ça broute, ça court, ça joue! Si un cheval n’a pas de harnachement, il n’est pas pour autant plus libre. Je ne désapprouve pas le travail en liberté, mais c’est du ‘’travail’’ en liberté, que nous pourrions aussi appeler travail sans corde, ou encore travail avec corde invisible rattachée au cerveau de notre cheval. Est-ce plus confortable pour le cheval? Peut-être que oui, et peut-être que non! Observez bien avant de juger de la légèreté d’un couple cheval-cavalier. Les outils et le style d’entraînement choisis doivent correspondre aux besoins et aux capacités du couple. Faire courir un cheval dans un round pen sans bride ni selle pendant une heure pour le maîtriser, est sans aucun doute moins léger qu’un cheval longé avec une utilisation adéquate d’un caveçon.

Et si vous n’y parvenez toujours pas, demandez de l’aide! Un entraîneur qualifié saura vous donnez le petit coup de pouce pour vous permettre de prendre du recul, identifier de nouvelles stratégies, accueillir les moments de bonheur et de réussite. Voir aussi «10 clefs pour une équitation de légèreté».


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