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«Demander souvent, se contenter de peu, récompenser beaucoup!» Baucher
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Ébauche de piaffer sur mon petit arabe Gipsy

 

Choisir les bons outils.

Choisir un licol en mouton pour contrôler un dragon ne vous attirera rien d’autre que des ennuis. Avoir l’air ridicule devant un nouveau client, au mieux, enseigner au cheval qu’il est possible de se soustraire aux demandes du cavalier et gâcher pour toujours son comportement… Optez pour l’outil qui vous permettra d’atteindre le seuil de réactivité du cheval tout en respectant sa sensibilité. La nature des aides adéquates pour un individu ne l’est pas nécessairement pour un autre… Gardez un esprit critique et n’hésitez pas à opter pour un autre mors, un autre type de licol, ce n’est pas un aveu de faiblesse.

 

Réchauffement adéquat.

Le réchauffement adéquat est celui qui prépare efficacement le cheval à la leçon qui lui sera donnée. Il sera aussi l’occasion de préciser ou modifier le sujet de la leçon du jour. Le cheval n’étant pas réchauffé avant d’avoir porté le cavalier aux trois allures. Favorisez le travail longitudinal, varier les attitudes tête-encolure et effectuer de nombreuses figures de manège puis de transitions. Le réchauffement doit être le plus complet et varié possible. Il devrait inclure des exercices maîtrisés par le cheval, d’un équilibre le plus avancés et proche de ce qui constituera les apprentissages du cheval.

 

Renforcer les bons comportements.

Le bon éducateur saura motiver son cheval en rendant l’entraînement aussi agréable que possible, en compensant les désagréments par le jeu, le repos, l’affection, le calme ou les friandises. Mais surtout, donner les indications précises, claires et instantanées sur l’exactitude de son comportement favorisera l’éducation du cheval. Les aides traditionnellement utilisées par le cavalier étant utilisées par renforcement négatif, c’est-à-dire le retrait d’un inconfort suite à l’obtention d’un comportement souhaité, le cavalier sera responsable, pour maintenir la motivation du cheval, de créer suffisamment de situation de réussite qui pourront être renforcées positivement par les éléments précédemment mentionnés afin que le caractère agréable de la séance dépasse de loin les désagréments du renforcement négatif, mais aussi ceux de l’effort physique en soi.

 

Rendre inconfortable les mauvais.

En théorie, là où tout fonctionne toujours si bien, le jeune cheval reçoit une éducation si bien organisée et bien menée que jamais il n’acquiert de mauvais comportements. Tous ces besoins comblés, il est calme et disponible pour répondre aux demandes du cavalier, il attend sagement la prochaine leçon. Si tout se déroulait toujours ainsi, les entraîneurs seraient chômeurs et tous les chevaux seraient des schloomasters pour les jeunes cavaliers. Hors, la réalité qui exacerbe parfois les besoins des chevaux, confiés à des manieurs qui ne sont pas toujours à même d’appréhender la prochaine leçon et des cavaliers tout juste capable de valoriser un cheval confirmé, crée bon nombre de mauvais comportement chez le cheval, jeune ou moins jeune. Si le renforcement permet d’augmenter la fréquence des bons comportements, c’est par l’intermédiaire du renforcement négatif rendant inconfortable les mauvais comportements et récompensant leurs inhibitions, mais aussi par la punition que diminuera la fréquence des mauvais. Cette dernière doit être annoncée, et en aucun cas synonyme de violence, il doit s’agir d’un inconfort annoncé qui peut prendre différentes formes. Elle requiert un timing impeccable dans son application. Il importe toutefois de comprendre l’origine des comportements inadéquats qui ont souvent comme origine les défenses du cheval.

 

Avoir une idée claire des éléments techniques reliés à un mouvement.

Avoir une idée claire de ce à quoi on s’attend de la part de notre cheval, de comment il doit utiliser son corps pour accomplir la tâche demandée. Exiger de notre cheval un mouvement dans un équilibre inapproprié abime la confiance et le respect qu’il aura envers son cavalier éducateur, en plus de représenter une perte de temps immense, le cheval n’ayant pas acquis les éléments nécessaires pour progresser vers le niveau suivant, psychologiquement et physiquement, cheval et cavalier tourne en rond tel un carrousel! Ils cessent d’évoluer et d’apprendre.

 

Comprendre le cadre autour du tableau.

Pour avoir une idée claire de ce à quoi on peut s’attendre de la part de notre cheval, il faut avoir une connaissance plus générale du travail méthodique du cheval de selle, bien comprendre quel mouvement nécessite quelle aptitude, quel type d’allure et quel niveau de rassembler peut déployer le cheval. Cette connaissance doit vous accompagner et non vous contraindre… Il y a de ces jours ou soudainement tout est possible, où le cheval nous offre un niveau d’équilibre et d’énergie supérieur. Accueillez ces moments, savourez ce moment de grâce mais n’en faites pas votre nouvel exigence pour la prochaine séance. Soyez à l’affut des ouvertures et des possibilités.

 

Identifier l’objectif de la séance.

Chaque séance d’entraînement aura un objectif définit à l’aide du niveau d’équilibre du cheval dans un cadre plus général, qui sera adapté à l’analyse qui sera faite de la condition actuelle du cheval, en date d’aujourd’hui. L’objectif de chaque séance devra être de terminer la séance en ayant un cheval mieux mis qu’en début de séance, jusqu’au moment où il sera gagné par les premiers signes de fatigue, ou encore, si un de ces moments de grâce se pointe timidement et que le cheval dépasse les objectifs suggérés par le cadre. Mieux mis peut signifier plus rassembler, mais aussi, plus souple, plus mobile, plus obéissant, accomplir un mouvement latéral de meilleur qualité, mieux qu’en début de séance, pas mieux que la meilleure séance de la semaine dernière! Ces objectifs peuvent servir à tenir des journaux de bord ou des statistiques, mais ils doivent surtout servir à savoir contenter le cavalier, faire taire son égo et apprécier le chemin parcouru, l’édifice qui se construit une brique à la fois.

 

Ne perdez pas pied dans l’échelle!

L’échelle de dressage offre une merveilleuse progression dans l’équilibre du cheval monté, mais assurez-vous de bien savoir sur quel barreau vous vous situez afin de ne pas perdre pied. Gravissez les marches, une étape à la fois. Posez-vous les questions dans l’ordre, une à la fois, concernant le rythme, la souplesse, le contact, l’impulsion et la rectitude, en y ajoutant d’abord et avant tout la question de l’obéissance aux acquis. Se poser la question de la rectitude alors que le cheval ne conserve pas un rythme adéquat ou ne respecte pas les aides est une perte de temps. Si vous n’arrivez pas à obtenir un élément de l’équilibre, demandez-vous lequel des ingrédients est insuffisant, entre le calme, l’énergie et l’équilibre, autrement dit entre la tête, les postérieurs  et les épaules. «Calme, en avant, droit» qu’il disait! Gal L’Hotte.

 

Ne vous enlisez pas dans un exercice.

Qui ne s’est jamais enlisé avec son véhicule, que ce soit dans le sable, la boue ou la neige! Plus vous tentez d’accélérer, plus vous creusez un sillon duquel il sera difficile ensuite de sortir. Vous aurez rapidement besoin d’aide si vous ne changez pas de stratégie, en souhaitant que vous n’ayez pas déjà abimé votre véhicule.  Il en va de même pour le cheval que vous tentez de faire entrer dans un exercice dans une attitude qui ne lui convient pas ou pour lequel il n’a pas été préparé. Si vous n’arrivez pas à obtenir de votre cheval l’exercice souhaité alors qu’il est à même d’en comprendre les aides, mettez cet exercice de côté et allez en vérifier les exigences dans d’autres exercices moins difficiles ou aux attributs différents. Par exemple, avant de demander une cession à la jambe au trot en main gauche, vérifiez que le cheval peut adéquatement évaser le cercle, au trot et au galop, qu’il peut faire un départ au galop à main en sortant de la volte en main droite, ou toute autre combinaison permettant de développer la poussée unilatérale du postérieur gauche, la tonicité de la base d’encolure à droite, le déplacement de la cage thoracique dans une rotation transversale de la droite vers la gauche.

 

Toujours trouver le seuil de réactivité.

En ayant une idée claire de ce à quoi on peut s’attendre de la part de notre cheval en termes de niveau d’équilibre ou de complexité dans les mouvements, le cavalier sera en mesure d’avoir des exigences de la part de son cheval.  Avec la certitude que le cheval comprends les aides et disposent des moyens nécessaires pour accomplir une demande, le cavalier est en mesure d’exiger de la part du cheval, après avoir demandé puis avoir eu la politesse de répéter la demande! Les aides traditionnelles associées au travail du cheval monté fonctionnant surtout en renforcement négatif, l’exigence concernera le timing dans leur application, leur constance jusqu’à l’obtention du comportement souhaité, et leur gradation en terme d’intensité, sans pour autant que ne soit offensé la sensibilité du cheval.

 

Personne ne peut aller plus vite que la musique.
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Si vous allez trop vite, vous irez bien lentement ensuite! Méfiez-vous des apparences… Des apparences de cession ou d’épaule en dedans, de rassembler ou de piaffer! Un cheval qui piaffe tout naturellement n’est peut-être pas à même te tenir cet équilibre précaire en portant son cavalier. Hors, il est si tentant d’abuser des chevaux modernes si talentueux. Le cavalier qui a mis 150 chevaux au piaffer, ou encore celui qui l’y amène en seulement quelques semaines ou mois paieront tôt ou tard le prix de leurs ambitions, ou plutôt leur pauvre cheval! La colonne du cheval ne peut que graduellement accueillir une tension qui n’est pas parallèle à son axe horizontal. Le cheval devra apprendre pas à pas à développer les gestes nécessaires au rassembler.

Finalement, structurez vos séances, motivez votre cheval et accueillez chacune des petites victoires qui croisent votre chemin! Lentement, mais surement! Voir aussi l’article: «Le Centaure par le Jeu»

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